Nimalia: Une réserve faunique dans ma poche
đĄ Animaux
âïžPlacement de tuiles; sĂ©lection de cartes (card drafting)
Question quiz : quâont en commun la loutre, lâours polaire, le lion, le flamand rose, le gorille, le crocodile, le manchot et le panda ?Â
RĂ©ponse : ils entrent tous dans ma poche (ou presque), avec la boĂźte de Nimalia, un petit jeu de placement de tuiles de William LiĂ©vain, joliment illustrĂ© par Pauline DĂ©traz.Â
Je vous avoue quâen jetant un Ćil Ă la boĂźte, jâavais des sentiments mitigĂ©s : un jeu qui reprend un peu le thĂšme de lâexcellent Cascadia de Randy Flynn pourrait-il faire mieux que ce dernier ? Oserais-je tromper mon Cascadia pour ce nouveau venu ? Quâa-t-il de plus, quâa-t-il de mieux Ă mâoffrir ? Dois-je mĂȘme lâouvrir ? Serait-ce dĂ©jĂ une lĂąche infidĂ©litĂ© que dâen extirper les cartes de leur fine robe de plastique ? De palper doucement le bois des jolis marqueurs de pointage ?Â
Que nenni ! « Tu pensais quâcâtâait ça que câtâait, mais câtâait pas ça que câtâait », me dis-je finalement, balayant dâun revers de main les affres de ce dilemme amoureux absolument inutile : Cascadia peut retourner dormir paisiblement sur sa tablette, la coexistence avec Nimalia est bien possible ! MĂȘme si les deux jeux partent du mĂȘme principe (on doit construire une rĂ©serve faunique pour de jolis petits zanimaux), je dirais que Nimalia donne plutĂŽt lâimpression dâĂȘtre lâenfant Ă la fois Ă©trange et charmant de Cascadia, Cartographes et Sushi Go⊠et il a aussi la belle qualitĂ© dâĂȘtre petit, tout petit, au point dâentrer dans votre poche (bon, disons une poche assez grande, comme celle de votre manteau dâhiver).
Comment ça marche ?
Dans Nimalia, vous avez cinq manches pour bùtir la réserve faunique idéale à partir de cartes de 2x2 cases représentant des animaux dans différents habitats.


Chaque joueur commence une manche avec trois cartes en main; il en choisit une quâil place dans sa rĂ©serve faunique, et passe les deux autres Ă son voisin de gauche ou de droite, selon le numĂ©ro de la manche.Â
Lorsquâon place une carte dans notre rĂ©serve faunique, deux rĂšgles Ă respecter : a) la nouvelle carte doit obligatoirement ĂȘtre superposĂ©e, en tout ou en partie, Ă une autre carte de notre grille; b) la dimension totale de notre rĂ©serve faunique ne peut pas dĂ©passer 6 x 6 cases (mais il nâest pas nĂ©cessaire de faire un beau carrĂ© complet).
Simple, non ? Mais comment savoir quelle est la maniÚre idéale de bùtir notre grille ? Grùce aux quatre cartes de pointage, qui vous donnent des objectifs à atteindre pour marquer des points.

Au dĂ©but de la partie, on sĂ©lectionne (ou on pige au hasard) quatre cartes de pointage (une de chaque couleur) disposĂ©es autour du compteur de manches. Ă la fin de chaque manche, une fois que tous les joueurs ont placĂ© leurs trois cartes dans leur grille, on procĂšde Ă un dĂ©compte des points. En fonction du numĂ©ro de la manche, deux ou trois des cartes dâobjectifs nous feront marquer des points. Par exemple, Ă la fin de la premiĂšre manche, câest lâobjectif bleu et lâobjectif vert qui sâactivent; Ă la fin de la seconde manche, le vert et le jaune, et ainsi de suite.
AprĂšs avoir marquĂ© les points de la cinquiĂšme manche, la partie est terminĂ©e, et le joueur avec le plus grand total lâemporte !


VoilĂ pour les grandes lignes. Et entre ces lignes, il y a tout un espace dĂ©cisionnel et stratĂ©gique Ă combler : quel(s) objectif(s) dois-je privilĂ©gier ? Dois-je miser sur un gros coup Ă long terme, ou dois-je essayer cumuler moins de points plus rapidement ? Est-ce rentable de recouvrir ce crocodile qui vaudra deux points au tour prochain afin de mieux placer une carte pour lâobjectif du tour en cours ? Dans Nimalia, on doit constamment trouver la meilleure (ou la moins pire!) chose Ă faire avec les cartes qui nous sont refilĂ©es par nos voisins. Câest un exercice ludique qui peut crĂ©er autant de moments de frustration que de moments de grĂące (et que dire de la joie malsaine de passer Ă notre voisin LA carte qui viendra gĂącher sa belle rĂ©serve!)
 Alors⊠on en pense quoi ?
Nimalia nâest peut-ĂȘtre pas un jeu Ă la conception impressionnante, ni un jeu dĂ©bordant dâoriginalitĂ©, mais câest un jeu rapide, plaisant et accessible qui se place en deux minutes et se joue en vingt tout au plus quand on y a dĂ©jĂ jouĂ©. Câest le genre de jeu quâon laisse traĂźner sur le coin du comptoir de cuisine, et quâon peut sortir sans embarras entre le plat principal et le dessert (appelons ça un « trou normand ludique »).

CĂŽtĂ© thĂ©matique, Nimalia propose un thĂšme animaux/protection de lâenvironnement qui est un peu naĂŻf et racoleur (câest la mode : pensez Ă Cascadia, Earth, Ark Nova et jâen passeâŠ) mais qui, au final, nâest surtout quâun prĂ©texte au jeu; cette intĂ©gration limitĂ©e du thĂšme crĂ©e parfois des bizarreries Ă©cologiques un peu cocasses, comme des manchots sur leur banquise, entourĂ©s de jungles tropicales et de savanes avec des lionsâŠ) Cela dit, si vous pouvez faire abstraction de ces petits impairs thĂ©matiques, vous y trouverez largement votre compte.
Nimalia est un petit puzzle tactique qui offre suffisamment de possibilitĂ©s pour plaire aux joueurs plus aguerris, mais qui saura aussi plaire aux nĂ©ophytes, voire mĂȘme aux grincheuses et grincheux qui roulent toujours des yeux quand on leur demande : « est-ce quâon joue Ă un jeu? » Câest dĂ©jĂ pas mal !
CĂŽtĂ© matĂ©riel et graphisme, le jeu est tout Ă fait honnĂȘte. Les illustrations de Pauline DĂ©traz, sans ĂȘtre mĂ©morables, sont colorĂ©es et surtout bien visibles, ce qui est essentiel pour ce type de jeu oĂč le placement des cartes est important. Le format portatif du jeu a nĂ©anmoins nĂ©cessitĂ© un petit sacrifice : comme on place des cartes et non des tuiles (plus Ă©paisses) et que ces cartes sont lĂ©gĂšrement courbĂ©es, il peut arriver que notre grille bouge un peu, surtout lorsquâon a plusieurs cartes superposĂ©es les unes aux autres. Câest un dĂ©faut trĂšs nĂ©gligeable, aisĂ©ment compensĂ© par la rapiditĂ© avec laquelle on peut ranger le jeu aprĂšs une partie.
On aimeâŠ
La rapidité de la mise en place et des parties;
La simplicité des mécaniques de jeu;
Lâaspect tactique du puzzle
On aime moinsâŠ
LâintĂ©gration du thĂšme;
Les cartes un peu courbées qui ne se superposent pas toujours bien;
Un jeu de William Liévain, illustré par Pauline Détraz
La BoĂźte de Jeu
20-30 minutes par partie
10 ans et +
-Mat
Â
Pour vous procurer ce jeu, c'est par ici :Â https://www.asdesjeux.com/products/nimalia-ml
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