Trouver l'Atlantide : cAPP ou pas cAPP?

💡 Exploration sous-marine

⚙ Déduction

Le monde du jeu de société cherche constamment à se réinventer, et pour cause : chaque année, près de 3500 nouveaux jeux entrent sur le marché à travers le monde. Ça joue du coude sur les tablettes de l’As ! Si vous aviez l’intention de les essayer tous, vous pouvez oublier ça. Et si vous aviez l’impression, parfois, que les jeux finissent par se ressembler, hé bien ce n’est pas une impression ! Parmi ces milliers de nouveautés, il y a quand même pas mal de réchauffé.

Si je vous parle de ça, c’est tout bonnement pour souligner qu’en raison de cette féroce compétition et de la nécessité de se démarquer, les concepteurs ont essayé de diversifier l’expérience de jeu. Je te regarde, oui, mon vieil exemplaire d'Atmosfear en VHS auquel je ne peux plus jouer ! Et avec l’omniprésence des téléphones intelligents dans nos vies, l’une des avenues « naturelles » à exploiter a été celle de l’intégration des technologies dans les mécaniques de jeu. Cela permet, pour certains jeux, d’obtenir une expérience plus immersive et moins prévisible, ou encore d’automatiser des composantes du jeu qui seraient pénibles à manipuler physiquement. Pour ne nommer que ceux-ci, on peut penser aux Demeures de l’épouvante où l’application vous raconte l’aventure et gère le comportement des ennemis, à Loup-Garous pour une nuit où l’application remplace la nécessité d’avoir un maître de jeu, ou encore le très populaire Hitster ! qui utilise Spotify pour créer une expérience jeu-questionnaire fluide et animée. Et avec le développement très rapide de l’intelligence artificielle générative, on ne peut qu’entrevoir avec fascination ce que seront les jeux de demain.

Ceci étant dit, l’irruption des technologies dans le monde des jeux de société ne suscite pas toujours l’enthousiasme (je suis moi-même assez partagé sur la question). Pour certains, le jeu de société est une façon de s’extirper pendant quelques heures de la tyrannie des écrans, et la nécessité d’utiliser un téléphone pour jouer peut être perçue comme contre-productive à cet égard. Pour d’autres, le recours à la technologie met irrémédiablement une date de péremption sur un produit qui devrait être quasi-éternel (je dis quasi, parce que je ne mets pas de protecteurs en plastique sur mes cartes, sacrilège! Mais mon jeu d’échecs du siècle dernier tient encore très bien la route). Que faire si l’application disparaît ? Si elle n’est pas compatible avec la dernière damnée mise à jour d’Apple ? Ce sont des questions bien légitimes, et les craintes qu’elles soulèvent sont tout à fait fondées. Et avec les milliers de jeux qui sortent chaque année, il y aura toujours du choix pour celles et ceux qui se refusent à faire entrer la technologie dans leur expérience ludique.

Ce long préambule (comme d’hab, vous me direz) prend racine dans les réflexions que j’ai eues après quelques parties du dernier jeu que j’ai essayé pour vous : Finding Atlantis. Il s’agit d’un jeu de mouvements cachés et de déduction qui utilise une application mobile, et dans lequel on doit être le premier joueur à trouver l’emplacement de l’Atlantide au fond de l’eau.

Ça m’a tout de suite fait penser à un jeu auquel j’ai beaucoup joué pendant ma jeunesse : Trésor Perdu (1982), où on parcourait l’océan à la recherche de trésors engloutis, guidés par un bidule électronique qui faisait plein de bruits bizarres. (Et pour confirmer les craintes mentionnées précédemment, mon frérot, qui a conservé la copie du jeu, m’indique que le bidule électronique ne fonctionne plus!)

Mais parlons de Finding Atlantis; c’est le temps de plonger (!) dans le vif du sujet.

 Comment ça marche ?

Dans une partie de Finding Atlantis, 1 à 4 joueurs incarnent des capitaines de sous-marins à la recherche de la légendaire cité engloutie. Chacun a un joli petit paravent à sa couleur, derrière lequel il cache sa carte marine personnelle sur laquelle il pourra noter les indices trouvés et la dernière position connue de ses adversaires. Il a aussi en main huit cartes Action de sa couleur (tous les joueurs ont les mêmes actions).

Une fois l’application téléchargée et ouverte, on place le téléphone au centre de la table et on commence. L’application génère une nouvelle carte marine à chaque partie.

À son tour, chaque joueur effectue deux actions à l’aide des cartes qu’il a en main. Pour effectuer l’action, il doit simplement scanner l’endos de la carte choisie à l’aide du téléphone, et l’application lui transmet les résultats, qu’il peut ensuite noter sur sa carte marine.

Certaines cartes permettent de déplacer secrètement son sous-marin, d’autres de sonder les fonds marins à la recherche d’indices ou d’artefacts. Ces indices sont essentiels, puisque lorsque l’on trouve une première partie de l’Atlantide, on sait qu’on se rapproche de la victoire puisque les trois autres parties sont toujours adjacentes les unes aux autres !

Lorsqu’il n’a plus d’autre action disponible, le joueur doit jouer sa carte « Faire surface », qui permet de reprendre en main toutes les cartes jouées lors des tours précédents. Mais cela vient avec un désagrément, puisqu’en faisant surface, il dévoile l’emplacement de son sous-marin aux autres joueurs, qui pourront utiliser cette information pour le suivre, ou même pour lui balancer des mines sous-marines !

Lorsqu’un joueur croit avoir localisé l’emplacement exact des quatre cases où se trouve l’Atlantide, il doit faire une dernière action d’exploration et déclarer à l’application (et aux autres joueurs) qu’il pense avoir résolu l’énigme. L’application lui demande alors de valider sa réponse. Si cette dernière est bonne, la partie est gagnée ! Mais s’il s’est trompé, il est téléporté au hasard quelque part sur la carte, et la partie se poursuit.

 Alors… on en pense quoi ?

Finding Atlantis propose variabilité et rejouabilité notamment grâce aux cartes Capitaines, qui sont asymétriques (chaque joueur choisit une de ces cartes en début de partie). On peut aussi choisir (ou non) d’intégrer au jeu des cartes d’actions offensives, selon le degré de compétition souhaité dans la partie. L’algorithme de l’application peut techniquement générer un nombre presque infini de cartes de jeu différentes, tout en respectant certaines règles qui facilitent la déduction (par exemple, les morceaux de l’Atlantide se trouvent toujours dans une zone de montagnes sous-marines, et sont toujours adjacents les uns aux autres).

L’application est assez simple d’utilisation et fonctionne très bien, même s’il m’est arrivé à une ou deux reprises de mal noter les déplacements de mon sous-marin.

Même en intégrant le mode « pirate » avec les cartes offensives, Finding Atlantis demeure d’abord et avant tout une course contre la montre un peu solitaire, où l’on interagit davantage avec l’application qu’avec nos adversaires. Le jeu propose d’ailleurs un mode solo où l’on peut jouer contre des adversaires virtuels. Ce mode reproduit assez bien l’expérience de jeu multijoueur et ne demande aucune manipulation supplémentaire. On peut aussi ajouter des adversaires virtuels dans une partie à deux ou à trois de manière à créer plus de compétition.

Si la déduction demeure la mécanique principale du jeu (il est d’ailleurs important que tous les joueurs soient conscients de la manière dont les cartes marines sont générées par l’application, afin de pouvoir déduire où se trouve l’Atlantide), il reste qu’il y a aussi une bonne part de chance dans ce petit jeu d’exploration. Si l’on découvre qu’un adversaire s’attarde longuement dans un secteur de la carte, on peut supposer qu’il a sans doute trouvé des indices quant à l’emplacement de l’Atlantide; toutefois, le temps de se déplacer pour aller fouiller au même endroit, il est souvent trop tard pour rattraper le retard cumulé. Aussi, il arrive que, sur un coup de chance, on tombe rapidement sur l’Atlantide en début de partie, ce qui peut être un peu frustrant pour les autres joueurs !

Côté matériel, malgré le nombre limité de composantes (un paquet de cartes, une poignée de pions et un bloc de cartes marines), le tout est de bonne qualité (mais la boîte est inutilement grosse). Les illustrations sont honnêtes et respectent bien le thème de l’exploration sous-marine. Le livret de règles est bref, relativement bien écrit (et l’application peut aussi nous guider à travers la première partie).

En somme, Finding Atlantis est un bon jeu solitaire, qui se joue mieux seul ou à deux, si vous n’avez pas d’objections à interagir avec un téléphone intelligent dans vos séances de jeu.

On aime…

Le mode solo très fidèle à l’expérience multijoueur;

L’application simple d’utilisation et les possibilités qu’elle offre;

On aime moins…

Le recours obligatoire à l’application, qui ne plaît pas à tous;

Les interactions limitées

-Mat

Finding Atlantis

Synapses Games

1-4 joueurs

14 ans et +

30-45 min par partie


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