Flamecraft : Pas vos dragons habituels…

Fermez les yeux et visualisez : un ciel lourd, couvert, d’épais nuages gris, noirs, gris-noir à perte de vue. Là, presqu’à la limite de l’horizon, un volcan entre en éruption. Des éclairs strient le ciel, mettant le feu aux forêts. Du volcan s’échappent lave et cendre et… un point noir. Un point d’abord petit, puis grandissant de plus en plus, et il devient vite évident que le point n’en est pas un : deux ailes gigantesques en font foi.

 

Quelqu’un près de vous crie : « Dragon! »

 

La ville entière s’agite…

 

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de se genre de dragons. Non, absolument pas. Mais si ce ne sont pas de majestueuses bêtes presque immortelles, les dragons de Flamecraft n’en ont pas moins de charme pour autant…

 

Le cœur

Flamecraft est, avant tout, un jeu de placement d’ouvrier et de gestions de ressources. Ces deux mécaniques, familières pour plusieurs joueurs aguerris, sont exploitées ici dans leur plus simple expression.

 

Chaque joueur incarne un Gardien des Flammes, un être spécial qui peut communiquer avec les dragons. Mais attention, pas n’importe quels dragons! Non : on laisse ici de côté les dragons destructeurs (comme Smaug), les dragons guerriers courageux (comme Croquemou) et les dragons qui, pour certains, ouvrirent les portes de mondes étranges et de perspectives enfumées (comme Puff, le dragon magique – mais peut-être que Mooh est seul dans cette situation, on ne sait pas).

 

Il s’agit ici plutôt de dragons artisans, qu’en tant que Gardien des Flammes, les joueurs doivent convaincre d’aider les diverses boutiques de la ville. Effectivement, ces dragons n’ont pas comme unique talent de carboniser tout ce qui bouge, d’être un personnage de Disney attachant, ou de faire vivre à Mooh des aventure extra-corporelles. Ceux-ci sont plutôt des dragons de pain, des dragons de forge, des dragons végétaux, de gemmes, alchimistes, et, les derniers mais non les moindres, les dragons de viande (oui oui, des dragons de viande!). Enfin… les dragons ne sont pas identifiés de cette façon à proprement parler, mais les symboles qui leurs sont assignés inspirent CLAIREMENT ces catégories. Bon.

  

Le look

Le look de Flamecraft est franchement tape-à-l’œil : de charmants dragons, tous uniques, tous s’adonnant à diverses tâches. Des boutiques, aussi toutes uniques, dans lesquelles s’affairent des marchands et leurs dragons-artisans. Le village lui-même qui, au lieu d’être imprimé sur du vulgaire carton (yark!), est imprimé sur un tapis de néoprène.

 

Deux choses à propos du tapis, d’ailleurs. Si vous ne connaissez pas le néoprène, rassurez-vous : vous le connaissez, en fait. Pensez à votre tapis de souris, près de votre ordinateur. Vous voyez? Alors imaginez le bonheur d’avoir ce matériaux comme plateau de jeu, allez… Aaaahhh… Vous comprenez maintenant toute la beauté de la chose, oui? Non? Oh. Bon. Alors sachez que le néoprène, si on le mouille, ne gonflera pas comme le carton. En plus, saisir une carte à plat sur un tel tapis est un jeu d’enfant – on appuie doucement sur un côté de la carte, et le côté opposé se soulève comme par magie. Un vrai charme!

 

Deuxièmement, il faut savoir que si vous rangez le tapis en le roulant toujours du même côté, il prendra invariablement un pli, et cela peut nuire à votre expérience ludique… Vous voilà donc avertis!

 

Bref, les dragons sont superbes. Bravo d’ailleurs à l’artiste illustratrice, Sandara Tang, qui a provoqué chez nous, humbles joueurs, un sentiment de merveilleux enfantin, presque de confort, même. C’est simplement un plaisir pour les yeux…

  

Le déroulement de la partie

La partie se déroule simplement jusqu’à ce qu’on épuise soit la pile de cartes dragons-artisans, soit celle des enchantements. Cela annonce la fin de la partie, après que tous les joueurs ont joué un dernier tour. Celui qui aura acquis le plus de points de réputation (symbolisés par un cœur – aaaaaawwww…) remporte les honneurs.

 

À chaque tour, le joueur doit soit Collecter dans une boutique, soit Enchanter une boutique. Ces deux actions simples comprennent par contre chacune leurs étapes à suivre, dans l’ordre (on s’habitue rapidement à les résoudre, alors l’âge de 10 ans et plus, suggéré sur le côté de la boîte, peut facilement s’abaisser à 9, voire 8 ans, si votre enfant est déjà adepte d’autres jeux).

  

Collecter

La collecte s’effectue en une seule étape : on place notre pion joueur (des dragons, bien entendu) sur la boutique qu’on a choisie, puis on collecte les denrées que la boutique, les dragons et les enchantements qui s’y trouvent donnent. Au départ, une boutique ne donne qu’une denrée, mais on s’aperçoit rapidement qu’une boutique visitée souvent va vite se remplir de dragons et d’enchantements (maximum de trois chacun) et donc de potentiel de collecte… Mmmm… De précieuses denrées…

 

Puis s’en suivent trois autres étapes, toutes facultatives. On peut placer un dragon-artisan de notre main dans la boutique pour collecter le bonus de l’emplacement, puis on peut embraser (et pas embrasser, bien qu’on ne juge personne) un dragon présent dans la boutique (ce qui veut dire utiliser son pouvoir spécial), et enfin, si la boutique a une capacité spéciale, on peut choisir de l’utiliser. Comme il n’y a que six types de dragons, et donc six types de pouvoirs, il n’est pas trop ardu d’apprendre comment chacun fonctionne. Les capacités spéciales des boutiques, quant à elles, sont somme toute assez simples également – rien qui ne vous forcerait à consulter à plusieurs reprises le livret de règles…

 

L’action de collecte est ce qui vous permet de peupler la ville et d’amasser les ressources nécessaires à la réalisation de la deuxième action possible…

 

Enchanter

Les enchantements coûtent de précieuses ressources. Cependant, ils donnent aux joueurs qui les réalisent des récompenses alléchantes, pour la plupart sous la forme de points de réputation ou de dragons-artisans que vous ajoutez à votre main…

 

Pour enchanter une boutique, il faut placer notre pion sur une boutique dont le type (les mêmes que les dragons) correspond au type de l’enchantement souhaité, puis on paye les ressources nécessaires, on ramasse les récompenses, et on place l’enchantement sous la carte de la boutique, de manière à ce que seul le symbole-type soit visible. Et hop! Comme par magie (en fait EXACTEMENT par magie), la boutique produit maintenant une ressource de plus, et vous vous faites tranquillement un nom dans la ville…

 

Comme action optionnelle, on peut ensuite embraser non pas un, mais TOUS les dragons présents dans la boutique – ce qui peut s’avérer superbement bénéfique!

 

Une chose que nous avons apprécié, c’est la variété que les deux paquets d’enchantements apportent. Le livre de règles suggère de commencer avec les enchantements violets, puis d’essayer les jaunes après quelques parties. (Et honnêtement, pourquoi ne pas combiner les deux paquets, hein? Vous ne l’avez pas entendu de nous, par contre… ahem…) Les jaunes, on s’en doute, sont un peu plus difficiles à réaliser, mais promettent de meilleures récompenses…

 

Dragons fantaisie

Le dernier élément du jeu à fournir des points de réputation sont les dragons fantaisie, regroupés en deux types – jour et nuit. Le type de dragon détermine le moment auquel on peut marquer les points de réputation, soit à n’importe quel moment en cours de partie pour les dragons de jour, et uniquement à la toute fin, lors du décompte final, dans le cas des dragons de nuit.

 

Ces dragons sont obtenus le plus souvent lorsqu’on place un artisan dans une boutique ou lorsqu’on réalise un enchantement. Une fois obtenus, ils nous offrent des objectifs précis vers lesquels s’orienter, et des façons de se démarquer de nos compétiteurs Gardiens des Flammes…

 

Le verdict

Nous attendions Flamecraft depuis un looooooong moment déjà. C’est un de ces jeux qui, lorsqu’il est annoncé, captive immédiatement l’imaginaire par le monde qu’il crée, sous nos yeux, par ses images superbes et son gameplay en l’apparence inoffensif.

 

On dit « en l’apparence » parce qu’en fait, si Flamecraft est effectivement un excellent jeu à montrer à vos petites et moins petites frimousses, il peut quand même se défendre en tant que jeu de joueur aguerri. Comme rien n’est dissimulé à l’exception des cartes de dragon, on peut facilement deviner ce que les autres devraient logiquement viser comme enchantements en fonction des ressources qu’ils amassent devant eux. C’est donc dire qu’on peut aussi aisément leur bloquer l’accès aux enchantements qui correspondent à ces ressources. Bref, on peut tout à fait faire de ce jeu mignon comme tout un jeu beaucoup plus coupe-gorge que son look ne le laisse supposer…

 

MAIS BON : outre le fait qu’on PEUT effectivement le rendre plus « adulte », Flamecraft est un délicieux jeu familial, avec ses dragons appelés Hot-Dog, Côtelette, Briochin et Suzette (comme les crêpes). Au final, nous recommandons sans hésiter à quiconque a un ou des enfants qui commencent à s’intéresser aux jeux de société, mais qui ne sont pas nécessairement prêts encore pour les jeux plus corsés, plus belliqueux.

 

C’est donc dire que, tout au long de la partie, vous jetterez de furtifs coups d’œil, en ricanant doucement et en vous frottant les mains, vers la boîte, prometteuse, aguichante, de Twilight Imperium…

 

[INSÉRER RIRE MALÉFIQUE INTERGALACTIQUE]

 - Bibz et Mooh


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